Ecrits vains sur la Révolution Française

Publié le par François Kuss

"Sans les utopistes d'autrefois, les hommes vivraient encore, misérables et nus, dans les cavernes. Des rêves généreux sortent les réalités de demain" disait Anatole France.

  Océan inépuirevolution.jpgsable que la Révolution Française. De cette tourmente inédite, qui a vu sombrer dans les oubliettes de l'histoire une dynastie millénaire, descendante de Clovis, de ce "coup de tonnerre" qui a brisé la tyrannie des privilèges et par là, un système économique et social dans son entier, de ce bouleversement de paradigme anthropologique qui  a fait exploser toutes les bases intellectuelles de référence, à commencer par la place de la religion dans la vie de l'homme, de cette histoire d'une nation en armes et en marche vers le progrès, la démocratie, la république, de tout cela et de bien d'autres choses encore, je ne pouvais demeurer étranger. Ceci étant, parce que les détours de la vie ont fait que j'ai préféré il y a quelques années les sciences politiques à la voie d'historien, je ne peux prétendre aujourd'hui  m'inscrire dans la lignée qui va de Michelet à Soboul, de Thiers à Furet, de Lenotre à Vovelle, de Jaurès à Mathiez.

Reste la passion d'un époque, que j'ai voulu connaître comme on souhaite connaître l'être aimé, le plus intimement du monde, avec fougue, entière, sans demi-mesure, sans commune mesure, et de cette tentation de l'absolu  est née une nouvelle puis aujourd'hui un roman. Des écrits vains en vérité, car in fine il ne s'agit  que de pures fictions... Ceci étant, comme l'on disait jadis qu'il ne fallait jamais désespérer de la Providence, je me plaîs parfois à songer qu'il ne faut jamais désespérer du pouvoir des mots et du sens qu'on a voulu leur donner. Aussi, je le crois, en cherchant à retracer le plus fidèlement  possible et sans trahisons ces moments de notre histoire commune qui ont changé le monde, à travers les trajectoires personnelles et officieuses que je glisse dans l'histoire officielle, en tissant ma toile dans les méandres obscurs qui vont de la convocation des Etats Généraux jusqu'à la Terreur, tout simplement en évoquant  ces grands moments où de simples hommes, des va-nus-pieds, des "sans culottes",  découvrirent qu'ensemble, ils pouvaient faire barrage au pouvoir d'un seul, j'ai le sentiment de faire oeuvre d'utilité générale.

Que méditer de la Révolution Française, si loin, et pour tant si proche ? Tout simplement que notre monde a bien besoin d'utopies, que notre société, comme en miroir avec celle de l'Ancien Régime finissant, est inégalitaire au possible et que de nombreuses "doléances" légitimes restent lettres mortes, que toute une série de Bastille sont encore à prendre. Mais avant tout, que l'horizon n'est jamais barré, que sur la voie de l'exploration des possibles, il n'y a aucune limites sinon celles que l'on veut bien se fixer, par convenance morale ou sociale, par résignation, par désespoir, par paresse et complaisance envers la médiocrité.

La Révolution Française a ouvert un vaste champs des possibles et sapé l'autorité du seul possible présenté alors comme viable, à savoir que le pouvoir émanait d'une autorité sacrée et devait se concentrer dans une figure tutellaire, celle du roi. Or, parce qu'elle a ouvert une brèche dans l'épaisseur du réel selon la belle formule de Ricoeur, parce qu'elle a démontré que l'homme n'était pas assigné à se contenter de regarder les étoiles sans jamais se départir de la glaise qui lui colle aux pieds, parce que ce qui était une "u-topie", un "non-lieu", a réussi à  se réaliser, démontrant que l'impossible était parfois simplement improbable, il m'a semblé nécessaire de contribuer, modestement, à le rappeler.

Même si les histoires que je fais jaillir de mon imagination ne sont que pures fictions. Non, tant en 1788 qu'en 2010, l'utopie n'est pas si utopique, car il reste encore de nombreuses révolutions à accomplir..
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